Qu'est-ce qu'un livre ? Une succession de pages, une accumulation de mots qui au bout donnent une histoire. Au-delà de cela, le livre est surtout le point de rencontre entre au auteur et un lecteur. C'est une sorte de tête-à-tête. Une rencontre fortuite, peut-être heureuse, parfois inoubliable, sans doute extraordinaire. Une rencontre émouvante.
Le livre est bien plus qu'un amas de pages. Il possède ce pouvoir d'alimenter l'imaginaire du lecteur et de le transporter vers d'autres mondes. Voici un regard lancé au plus profond de l'âme de l'auteur, une porte ouverte vers l'inconscient, un passage vers d'autres réalités.
J'ai lu beaucoup de livres. Certains par envie. D'autres m'ont été conseillé. Et je dois avouer que rares ont été ceux qui se sont révélés décevants. Leur point commun ? Les émotions suscitées. Des émotions réveillées ! Elles étaient tellement enfouies au plus profond de mon être que les larmes ont frayé leur chemin petit à petit dans mon cœur pour venir sillonner mes joues. Le pouvoir des mots ou comment transmettre des émotions.
La promesse de l'aube de Romain Gary est l'un de ces livres à m'avoir fait pleurer. Le thème de la maternité me tenait énormément à cœur. Alors ce livre était une évidence. Durant plus de 400 pages, j'ai ri avec l'auteur, j'ai vécu ses colères, J'ai surtout pleuré car ce livre faisait écho à mon histoire personnelle. Au fur et à mesure que je parcourais les souvenirs de Romain Gary, j'avais l'impression d'être reliée à lui, comme par une connexion émotionnelle. Le génie de Romain Gary était dans la simplicité de ses phrases, dans la justesse de ses mots. Parfois, j'avais l'impression qu'il s'adressait à moi, comme pour me soulager d'un lourd fardeau, comme pour abreuver mon cœur d'une nouvelle lumière. Ce livre m'a permis d'accepter les sombres événements de la vie. Je dirai plutôt qu'il m'a aidé à vivre avec l'absence de l'être aimé. La promesse de l'aube a été ma thérapie.
Parmi ces auteurs qui nous font retomber en enfance, Marcel Pagnol sait réveiller tous nos sens. Ses écrits transpirent la Provence. Je me souviens. Lorsque je lisais Le temps des secrets, il me semblait entendre la voix de Marcel Pagnol teintée du mélodieux accent provençal, reconnaitre clairement le chant des criquets accompagner mon voyage dans les collines de la Treille, j'ai même eu la sensation d'humer les herbes de Provence et de me délecter des olives de Tunisie. Cela va même au-delà. J'ai eu l'impression d'écouter Marcel Pagnol me conter ses souvenirs, lui installé dans un fauteuil, moi assise près d'un bon feu de cheminée un soir de pluie, à griller des marshmallows. Mieux qu'un antidépresseur. C'était magique.
Il existe autant d'émotions qu'il existe de couleurs. La tendresse, la compassion, la colère... On peut toucher le lecteur de mille et unes façons. Même en le perturbant et en le déroutant. L'amant de Marguerite Duras m'avait assez dérangée. Par le style d'écriture pur, lent et décousu au rythme des souvenirs bousculés dans la mémoire de l'auteur, mais aussi par des émotions délivrées avec sincérité, avec une profonde mélancolie, sans pudeur. Certes, l'ouvrage est court mais il regorge d'un tel romantisme et d'une telle poésie qu'il figure parmi mes préférés.
Faire rire, faire pleurer, provoquer la colère ou même déranger. Quelle que soit l'motion suscitée, le génie d'un auteur réside dans sa capacité à émouvoir. Si l'on compare au cinéma, le pari s'annonce bien difficile à relever lorsqu'il s'agit te toucher le lecteur en plein cœur avec pour seuls outils les mots. De simples lettres qui, mises côte-à-côte, recouvrent une dimension supérieure pour nous transporter dans les méandres de l'imaginaire et nous faire voyager dans le labyrinthe, certes tortueux mais si passionnant, de l'esprit humain.
Comentários