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  • Photo du rédacteurSossé Oumedian

Si proche, si loin…

Dernière mise à jour : 30 juin 2022

Une création littéraire avec boucles textuelles et effet « labyrinthe ».



Il est là.

Tout près.

Dans l’obscurité, un fin faisceau de lumière annonce sa présence sous ce grand chêne, jouant avec la terre, arrachant les branches et les feuillages, se couchant dans l’herbe à peine jaunie, se relevant de temps à autre pour observer les environs, pour m’apercevoir à quelques pas seulement. Je l’entends m’appeler dans une lointaine supplique, une invitation à le rejoindre. Il me tend ses petits bras. Alors je cours, je cours droit comme un fou, je cours à perdre haleine, je cours après le temps, je cours après l’infime espoir de le retrouver, de le porter, de le tenir, de le chérir, je cours autant qu’il s’éloigne à mesure que je tente désespérément de m’approcher, il s’éloigne à chacun de mes pas me portant vers lui, il s’éloigne vers ce trou béant, là où la lumière n’est plus, là où le soleil ne peut accéder, là où la lueur s’estompe envahie par les ténèbres, là où la vie abandonne son combat, là où la mort prend la main, arrache, balaie, enlève, emporte, déracine, avale les derniers souffles, là où je m’enfonce avec lui, pour lui, je m’enfonce aveuglément, je m’enfonce sans hésiter, je m’enfonce inexorablement, je glisse, je plonge, je sombre et je tombe, je bascule, je chute dans cet espace noir, sans fin, abyssal, aux portes de l’oubli, ce vide dans lequel je me laisse porter, comme une plume, comme une brise légère, comme un souffle, comme un papillon, léger et pourtant si lourd, si oppressant, si étouffant, si écrasant que mon corps se déforme, se courbe, se tord, se distord, se balance dans tous les sens sans perdre mon objectif de vue, ce petit être, cet enfant, cette innocence, que je touche du bout des doigts, que j’effleure, que je frôle, que je perds soudain, aspirée vers le haut par une force insoupçonnée, incroyable, une énergie brutale, extraordinaire, prodigieuse, une énergie qui me ramène au pied de ce chêne où l’enfant n’est plus, où jeunesse et candeur ne sont qu’un lointain souvenir, happés par le désespoir, la détresse, le chagrin, le regret des jours heureux partis à jamais en fumée, en un claquement de doigt, en une poignée de secondes, un simple battement d’aile d’un papillon, sans que je ne puisse réaliser qu’un ouragan s’abattait sur ma vie, la faisant basculer, tournoyer, chavirer, ébranler, éclater en un millier de pièces de puzzle qui jamais ne pourront s’assembler à nouveau, qui plus jamais ne raconteront l’histoire de cet enfant qui jouait sous ce grand chêne autrefois veiné de sève, autrefois veiné de vie.

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